Transat Jacques Vabre :
Objectif du Top 10 atteint !

Après un début de course compliqué qui les a fait passer par tous les stades au pointage, y compris par une difficile 43e place avec plus de 500 milles de retard sur les leaders lors du quatrième jour de course au large du cap Finisterre, Jean Galfione et Éric Péron sont parvenus à se remobiliser. Dès lors, ils ont entamé une incroyable « remontada ». D’abord grâce à une option judicieuse à l’ouest des Canaries, ensuite grâce à un choix de route assez sud après le passage de l’archipel du Cap Vert mais aussi et surtout grâce à une détermination sans faille. Leur abnégation leur a en effet permis de se hisser dans le Top 10 et même d’imaginer se rapprocher du Top 5 avant d’être confrontés à une panne de moteur à 24 heures de l’arrivée en Martinique. Leur 10e place, décrochée ce lundi 29 novembre à 18h42 (heure de Paris), est la récompense de leur engagement mais elle est aussi et surtout très prometteuse pour la suite puisqu’elle a permis au skipper de Serenis Consulting de découvrir et de mesurer le formidable potentiel de sa nouvelle monture avant la Route du Rhum 2022, son prochain gros objectif !

Photo © Jean-Marie Liot / Alea

Photo © Jean-Louis Carli / Alea

Jean Galfione : « Au moment du départ, au Havre, on s’était dit que faire dans les dix premiers à l’arrivée ce serait bien, bien conscients de tous les aléas d’une épreuve telle que la Transat Jacques Vabre. En terminant 10e, on est donc assez clairs en termes d’objectifs et compte-tenu des circonstances, on est encore plus satisfaits.

Ça n’a pas été facile de se retrouver au-delà de la 40e place au bout de quatre jours de mer. Tout n’était pas parfait dans notre début de course mais on a aussi joué de malchance. Remonter des places a été le fil rouge de notre régate et visiblement on a marqué les esprits. On a pris de belles options après les Canaries mais on a aussi vu que le bateau marchait très bien car même avec le même vent que les autres on est parvenu à grappiller des places et des milles. On est resté dessus en permanence. On a bien géré sauf lors des dernières 24 heures où on est tombé en panne de moteur avant de déchirer un spi.

Globalement, il y a plein de positif à décortiquer. Il va falloir prendre le temps de bien analyser les phases dans lesquelles on était à l’aise ou efficaces. Le bateau est aujourd’hui encore extrêmement inconfortable. La vie à bord reste compliquée mais ses performances sont réelles même si le près n’est pas son allure favorite.

Nous avons raté notre début de course car il fallait être précis. Le manque de connaissance de la machine nous a fait manquer plein de détails et fait prendre une option ouest malheureuse. Ensuite, petit à petit, on a trouvé les manettes. On a clairement franchi un grand cap dans la compréhension du bateau. L’autre Pogo S4 de la flotte termine troisième ce qui nous donne de bons repères quant aux capacités de la machine. On sait qu’elle a un excellent potentiel de vitesse.

Si regret il y a, c’est effectivement de se dire que si on avait choisi d’aller, comme les autres, jouer au plus près des côtes portugaises, on aurait probablement fait quelque-chose de mieux en termes de résultat mais on a raconté une histoire et ça c’est chouette. »

Éric Péron : « J’aurais préféré que l’on joue devant dès le début mais notre belle remontée nous permet d’être positifs concernant le bilan de la course. Je pense que l’on a globalement été aux bons endroits sur la traversée de l’Atlantique à proprement parlé. Je suis, de fait, content de la trajectoire que l’on a faite après le Cap Vert.

Notre option des premiers jours à l’ouest nous a coûté cher. On ne connaissait pas encore bien le bateau. On a routé avec des polaires qui n’étaient pas les bonnes car on n’avait pas idée du potentiel du Pogo S4 au portant. Si cela avait été le cas, on aurait mis en place une stratégie complètement différente et on n’aurait évidemment pas tenté d’aller chercher des fronts dans l’ouest. On serait allé tout droit surtout que dès le lendemain, les fichiers ont complètement changé. A ce moment-là, on a pris une grosse douche froide. On a décidé de tenter le coup jusqu’au bout malgré tout mais ça n’a clairement pas été un bon choix. On s’est battu pour revenir ensuite.

On a bien navigué et on a toujours exploité le bateau en bons marins jusqu’à dimanche soir où les emmerdes, avec le moteur, ont commencé. Dès lors, ça a été la dégringolade. On s’est retrouvé privés d’énergie et donc totalement bousculés dans notre routine. On a coincé un spi dans la quille et on a été obligé de le découper. On a ainsi perdu 8 ou 10 milles et sans doute une ou deux places. C’est une petite frustration mais au bout du compte, on est content d’arriver et d’arriver dans nos objectifs de départ.

On a vécu une belle expérience tous les deux. On a fait du bon boulot même si, de mon côté, j’aurais aimé réussir à mieux décomposer certaines choses. Le positif, c’est qu’à présent on dispose de beaucoup de donnée pour bien travailler cet hiver. Pour bien affiner les polaires et les calibrations du bateau et aboutir à quelque-chose d’à la fois simple et efficace pour Jean en vue de la Route du Rhum l’année prochaine. »

Photo © Jean-Louis Carli / Alea